
L’équilibre alimentaire est un régime déguisé
Le nombre croissant d’études scientifiques montrant les échecs à long terme des régimes amaigrissants a fini par leur donner une image négative. Cela explique pourquoi le mot « régime » est de moins en moins mis en avant et pourquoi les termes de « programme » ou « équilibre alimentaire » lui sont de plus en plus préférés. « Mais si le mot régime a disparu, sa pratique est toujours d’actualité car la notion d’équilibre alimentaire n’est en réalité qu’un régime déguisé » explique le Dr Jean-Philippe Zermati.
Dans des conditions normales, l’alimentation est principalement contrôlée par des facteurs internes, sensoriels, émotionnels et marginalement de façon cognitive. « Je mange à ma faim, selon mes habitudes et mes envies. Mais je peux décider que le melon est une entrée ou un dessert », illustre le Dr Zermati. Au contraire, poursuit-il « un régime repose sur une alimentation contrôlée par des facteurs cognitifs, même s’il peut faire appel aux sensations internes. Par exemple, vous pouvez manger des légumes (cognitif) mais en fonction de votre faim (sensoriel) ». Si on ne peut donc pas radicalement opposer contrôle cognitif et sensoriel, car les deux sont intriqués, la position du curseur change avec des conséquences importantes sur le comportement alimentaire. Le contrôle cognitif exercé lors des régimes n’est pas physiologique et représente un facteur de stress (mesuré par une augmentation du cortisol) qui explique en partie les échecs de ce type de démarche.
Accepter son poids
Il faut distinguer le poids que le sujet peut atteindre et celui qu’il peut maintenir. Si le premier est celui qu’il souhaite, le second est celui pour lequel il est programmé et que l’on appelle « set point ».
C’est pourquoi le G.R.O.S. recommande d’avoir un comportement alimentaire normal c’est-à-dire naturellement contrôlé par les sensations internes et qui permet de revenir à son « set point ». Si avec un contrôle mental on peut aller en dessous de son set point, on ne peut y rester longtemps, d’où le phénomène de yo-yo.
« La difficulté ne consiste pas à atteindre un poids idéal mais à s’y maintenir », rappelle le Président du G.R.O.S. « Il faut avoir l’honnêteté de dire aux patients que l’on ne fait pas ce que l’on veut de son poids ».
Pour ce spécialiste de la nutrition, tout le monde ne peut pas maigrir. Les médecins aussi doivent comprendre qu’avec les moyens dont on dispose, on ne peut faire mieux de que viser le « set point » même s’il n’est pas le poids idéal pour le patient.
Cela peut nécessiter d’entreprendre une démarche d’acceptation pour parvenir à faire le deuil du poids rêvé. Si des complications somatiques existent, il faut les traiter de manière adaptée, c’est-à-dire avec des médicaments voire dans certains cas la chirurgie.
La restriction cognitive, retour sur un concept trop souvent perverti ou mal compris...
La personne en restriction cognitive peut être dans un état d’inhibition sans perte de contrôle, ou de désinhibition avec perte de contrôle. Dans l’état d’inhibition sans perte de contrôle, on peut distinguer :
- une phase volontariste où l’individu renonce délibérément à écouter ses sensations alimentaires de faim et de satiété pour s’en remettre à des règles devant permettre de contrôler le poids,
- une phase inconsciente où les sensations physiologiques sont brouillées et où le comportement alimentaire est gouverné par des processus cognitifs inconscients et des émotions. Le mangeur finit par organiser son comportement alimentaire autour de la peur de manquer, du couple frustration-culpabilité et du trouble du réconfort.
L’état d’inhibition alterne fréquemment avec des pertes de contrôle décrites comme des accès hyperphagiques, des compulsions ou des crises boulimiques.
(Communiqué de presse du G.R.O.S - 28 avril 2008)
Source : Alexandre Glouchkoff, Diététicien - Nutritionniste