
La nutrition (alimentation et activité physique) est un déterminant majeur de la
santé et notamment des pathologies chroniques qui constituent, aujourd’hui, les
enjeux majeurs de santé publique auxquels est confrontée la France, comme de
nombreux pays dans le monde. Ces maladies liées à la nutrition sont un facteur
d’inégalités sociales de santé. Sur la base de nombreux travaux scientifiques, des
recommandations nutritionnelles sont proposées par différentes organisations
internationales et reprises par des Comités d’Experts nationaux pour prévenir les
maladies chroniques. En effet les coûts humains, sociaux et économiques de ces
pathologies sont considérables, or la nutrition est parmi les facteurs déterminants de
ces maladies multifactorielles, un facteur sur lequel il est possible d’agir au niveau
individuel et collectif.
En France, où la situation nutritionnelle est moins défavorable que beaucoup d’autres pays européens, des améliorations certaines ont déjà été obtenues depuis l’instauration du Plan National Nutrion Santé (PNNS) en 2001 et du Plan Obésité (PO) en 2010. Pourtant, malgré ces progrès au niveau de l’ensemble de la population, la situation reste fragile et masque de nombreuses disparités à travers les inégalités sociales de santé en nutrition qui ont tendance à s’aggraver.
Une nouvelle impulsion et de nouvelles mesures s’imposent pour améliorer la situation nutritionnelle de l’ensemble de la population, réduire les inégalités sociales dans le domaine de la nutrition et répondre aux enjeux préventifs et thérapeutiques des maladies chroniques. A côté des actions de communication et d’information, destinées à orienter la population vers des comportements plus favorables à la santé, il apparaît indispensable, notamment pour lutter contre les inégalités sociales de santé, d’agir efficacement sur l’offre alimentaire, l’offre d’activité physique et l’offre de soins.
La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, s’est donc vue remettre le 28 janvier dernier un rapport en ce sens, intitulé "Proposition pour un nouvel élan de la politique nutritionnelle française de santé publique dans le cadre de la stratégie nationale de santé", dont la première partie, consacrée aux "Mesures concernant la Prévention nutritionnelle" recommande 15 mesures pour inciter les Français à manger mieux.
Les propositions du rapport rédigé par le Pr Serge Hercberg et le Dr Chantal Julia ont été ainsi conçues dans la finalité de :
- améliorer la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire et faciliter l’accessibilité
physique et économique à des aliments de bonne qualité nutritionnelle, pour tous et
notamment pour les populations les plus fragiles (populations défavorisées,
enfants…),
- aider les consommateurs à orienter leurs choix au moment de l’acte d’achat vers
des aliments de meilleure qualité nutritionnelle et réduire la pression du marketing
orientant vers la consommation d’aliments de moins bonne qualité nutritionnelle
(notamment pour les populations vulnérables, les enfants…),
- favoriser la pratique d’une activité physique quotidienne pour tous,
- garantir un dépistage, une prévention et une prise en charge optimale des
problèmes de santé liés à la nutrition,
- faire de la nutrition-santé un atout pour l’innovation dans le domaine de l’alimentation.
Les 15 propositions de mesures dans le domaine de la prévention
- Pérenniser le PNNS (en intégrant le PO) en tant que programme de santé publique dans
le cadre de la Stratégie Nationale de Santé. Amplifier ses actions visant à lutter contre les inégalités
sociales de santé et ciblés vers la jeunesse. Réviser sa gouvernance
- Mettre en place un système d’information nutritionnelle unique sur la face avant des
emballages des aliments : « l’échelle de qualité nutritionnelle du PNNS »
- La régulation de la publicité en fonction de la qualité nutritionnelle des aliments
- Une taxe (couplée à une réduction de la TVA) en fonction de la qualité nutritionnelle des
aliments
- Offrir à tous (et notamment aux populations défavorisées) les conditions favorables pour
pratiquer une activité physique et sportive
- Améliorer l’accessibilité à l’eau
- Améliorer l’offre alimentaire dans les distributeurs automatiques de produits
alimentaires
- Réglementer la teneur en sel et en fibres du pain et des produits de panification
- Distribution de coupons « fruits et légumes » et « coupons sport » aux populations
défavorisées
- Implantation de marchés et de jardins communautaires dans les zones défavorisées
- Interdire les promotions au volume pour des aliments et boissons dont la qualité
nutritionnelle est considérée comme défavorable à la santé
- Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, utiliser le temps périscolaire pour
faire faire de l’activité physique, promouvoir l’éveil au goût et éduquer à la lecture du système
d’information nutritionnelle (échelle de qualité nutritionnelle du PNNS)
- Promouvoir la diversité de l’image du corps (interdiction des retouches de photo dans
les magazines et journaux et de faire défiler des mannequins avec IMC < 19) et donner un cadre
juridique de protection des personnes obèses (pénalisation de la discrimination)
- Campagnes de communication gratuites pour l’INPES sur les chaines de TV publiques et
privées
- Fournir les moyens aux structures concernées de mettre en place l’évaluation des mesures mises en place et l’atteinte des objectifs du PNNS
Pour de plus amples informations, consulter le rapport complet.