
Nous sommes soumis à deux types de communication sur l’alimentation. La première, de type médical, vulgarise des notions de diététique, diffuse des régimes minceur, dénonce les mauvais comportements alimentaires, et vante au contraire tous ceux qui sont censés nous apporter bien-être, forme, santé et performances. La seconde est à visée publicitaire, parle des produits et des progrès qu’ils apportent. Pourtant, les discours nutritionnels ne sont pas les mêmes.
Dans les années 1970, la diététique médicale parle surtout d’aliments de base (pain, farine, huile, riz…) et n’est pratiquement pas diffusée auprès du grand public. Le profil androgyne est valorisé, les discours sont axés sur la minceur et la perte de poids. On commence à parler de « combattre », de « lutter contre » toutes sortes d’excès et de surplus.
Dans les années 1980, les termes scientifiques apparaissent dans les médias : sodium, liposoluble, corps gras… La société devient lipophobe, note C. Fischler. Au désir de minceur s’ajoute celui d’être musclé, énergique et bien dans sa peau. Les clubs de remise en forme apparaissent. L’alimentation doit être simple, saine et stimulante.
Dans les années 1990, la présence des marques s’accroît dans la communication nutritionnelle. On promeut les produits « frais », « fermiers », « naturels », « de terroir »...
Au XXIe siècle, le discours alimentaire a trois grandes orientations :
- La santé et la médicalisation. C’est l’influence des pays anglo-saxons : l’alimentation devient une affaire personnelle, où s’exercent la liberté et les choix de chacun, d’où une certaine angoisse de « mal faire ». C’est aussi le domaine des recommandations nutritionnelles, des produits pour la minceur active, la vitalité, la beauté, la lutte contre le stress et le vieillissement…
- La culture, avec le plaisir, le goût, la convivialité, la tradition. Cette dimension résiste particulièrement en France, où l’obsession des nutriments et de leurs apports santé est plus faible qu’ailleurs.
- Enfin, la commodité. Basée sur la praticité, le gain de temps, les produits « nomades », les formats pocket et les sachets fraîcheur.
(Crédoc. Du discours nutritionnel aux représentations de l’alimentation. Cahier de recherche n° 252)