
Aujourd’hui se dessine un scénario catastrophe dans les pays du sud auquel nous devons collectivement faire face. Parallèlement à la malnutrition, on observe des phénomènes d’obésité dans les pays émergents. L’exportation de nos modes d’alimentation est-elle en cause ? Si les systèmes s’auto-équilibrent à terme, la situation actuelle démontre néanmoins la fragilité de cet équilibre qui nécessite une intervention au niveau mondial.
L’avis des spécialistes réunis autour d’une table ronde lors de la première rencontre - débat « Qu’est-ce qu’on mange » de l’opération « Parlons Agriculture » qui s’est déroulée le 23 avril à Paris.
« 854 millions de personnes souffrent encore de la faim »
Action Contre la Faim
« La sécurité alimentaire n’a pas le même sens au nord ou au sud »
Dans le même temps en Afrique et en Asie, la malnutrition subsiste et ne peut être ignorée. Ces pays ne sont pas auto-suffisants sur le plan alimentaire et la hausse conjointe des prix de l’énergie et des produits agricoles a des conséquences dramatiques.
Sous-Directeur Général du Département du Développement Economique et Social de la FAO
« Les systèmes tendront vers un auto-équilibre »
Tous nos paradoxes sont là : une technique toute puissante nous rassure mais la moindre faille dans la sécurité alimentaire nous scandalise, nous voulons du progrès mais les OGM nous font peur, nous recherchons des produits plus sûrs, plus variés, plus faciles à cuisiner, à transporter, mais nous consacrons une part de plus en plus faible de notre budget à l’alimentation. Pierre Feillet reste pourtant convaincu que nous tendrons vers un auto-équilibre de ces systèmes.
Membre de l’Académie des Technologies
Auteur de « La Nourriture des Français, de la maîtrise du feu... aux années 2030 »
« II faut créer un dialogue entre les consommateurs et les agriculteurs »
Et l’obésité progresse partout, y compris dans les pays du sud. Pourquoi ? Nous vivons aujourd’hui dans un nouveau paradoxe de prix. Autrefois, les légumes et les fruits étaient beaucoup moins chers, aujourd’hui ce sont le gras et le sucre qui ont une valeur négligeable, qui sont aussi les plus riches en calories. Les transports, la mécanisation du travail, le chauffage nous poussent à plus de sédentarité et nos modes de vie ne laissent plus de temps pour cuisiner les produits bruts. Sans intervention des pouvoirs publics, nous nous dirigerons de plus en plus vers une alimentation nomade, pratique et déjà préparée mais de mauvaise qualité sur le plan nutritionnel.
Chargé de mission alimentation et agriculture de UFC-Que Choisir
« Nous évaluons les risques en amont pour sécuriser la décision politique »
Directrice Générale de l’AFSSA
« Le scénario le plus probable n’est pas forcément le plus souhaitable »
Quatre hypothèses de scénario possible sont dégagées, en fonction de 4 éléments moteurs - croissance et répartition des revenus, évolution des modes de vie, politique nutrition santé et exigences des consommateurs - scénario tendanciel, nordique, transition vers les USA, ou crise. Selon l’orientation politique, les effets peuvent être diamétralement opposés mais globalement les tendances sont très lentes et si le service au consommateur s’accroît, le contenu de notre assiette ne sera pas très différent de ce qu’il est aujourd’hui.
Agro-économiste à la Chambre Régionale d’Agriculture de Normandie
Pour de plus amples informations, consultez www.parlonsagriculture.com