Une remise à plat du dispositif européen d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides est nécessaire
23/10/12 Séralini

L’Anses a été saisie par le Gouvernement afin d’examiner la publication de Séralini et al. parue le 19 septembre 2012. L’expertise menée par l’Agence conclut que les résultats de ce travail de recherche ne permettent pas de remettre en cause les évaluations réglementaires précédentes sur le maïs NK603 et le Round-up. L’Anses souligne en revanche le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d’une consommation d’OGM associés à des pesticides. Elle recommande, dans ce cadre, d’engager des travaux sur ces questions.
Au-delà, l’Agence appelle à la mobilisation de financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d’études et de recherches d’envergure visant à consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés.
De son côté, le Comité scientifique (CS) du HCB note que le dispositif expérimental, les outils statistiques utilisés et les interprétations données par les auteurs de l’étude, souffrent de lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires, qui ne permettent pas de soutenir les conclusions avancées. Le CS en conclut que l’étude n’apporte aucune information scientifique étayée quant à l’identification d’un éventuel risque sanitaire lié à la consommation de maïs NK603, traité ou non traité avec du Roundup. Par ailleurs, le Comité économique, éthique et social (CEES) du HCB observe que l’article n’est pas conclusif. Néanmoins, pour répondre aux interrogations de la société, le CEES recommande qu’une étude de long terme, indépendante, contradictoire et transparente, soit entreprise sous l’égide des pouvoirs publics quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603.
L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire et le Haut conseil des biotechnologies ont donc rendu leurs avis. Ils convergent avec ceux des autorités d’évaluation allemande et néerlandaise. Ils concluent que les résultats de l’étude ne sont pas de nature à remettre en cause les précédentes évaluations sanitaires de ces produits en raison de biais importants dans le protocole et dans l’analyse des données. Sur cette base, il n’y a donc pas lieu de revenir sur les autorisations accordées au maïs NK603 et à l’herbicide Roundup.
L'auteur de l'étude se défend : le Professeur Séralini, qui se dit "attaqué par des lobbies", conteste l'évaluation de son étude et maintient que la toxicité est "prouvée".
« Générations Futures s’interroge également sur le parti pris du HCB qui voit la paille dans l’oeil de Séralini mais pas la poutre dans l’oeil de Monsanto. Si la critique est faite pour cette étude, alors que penser de toutes les études faites par les industriels ! Les études de Monsanto sont, elles, faites sur des durées 8 fois plus courtes et sur beaucoup moins de paramètres analysés. Le silence du HCB sur les carences de ces études de Monsanto est assourdissant et il est incompréhensible que le HCB ne remette pas en cause la validité de ces études et donc les homologations qui en ont découlées » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Générations Futures apprécie cependant le fait qu’enfin il soit demandé la réalisation de tests chroniques ! Nous attendons donc que soit suspendue immédiatement la mise sur le marché des OGM agricoles et des Round-up concernés en attendant que soient réalisées ces études sur 2 ans. »
Le Gouvernement retient la proposition formulée par l’ANSES de renforcer les études sur les effets à long terme de la consommation des OGM et des pesticides, qui doivent intégrer ces thèmes au niveau national et communautaire.
Le premier ministre a demandé au ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, à la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et au ministre délégué chargé de la consommation de porter au niveau européen la demande du Gouvernement d’une remise à plat du dispositif communautaire d’évaluation, d’autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides.
Dans ce contexte, la détermination du Gouvernement pour maintenir le moratoire en France des OGM autorisés à la culture dans l’Union Européenne est réaffirmée.
(D'après communiqués ANSES, HCB, Ministère de l’agriculture, Générations Futures)
Source : Alexandre Glouchkoff